Une indienne dans la ville
Publié le 2 Novembre 2005
Janine Bharucha, indienne parsi, arrivée en France enfant, quitte le pays, puis y revient, sans
cesse. Une seule motivation préside à ses voyages : son amour partagé pour Paris, les français et son pays natal. Portrait.
Ses yeux verts en amande et son regard doux vous envoûtent d’emblée. Peut-être parce qu’ils restent les seuls témoins de son identité indienne, plutôt difficile à deviner derrière ses traits parfaitement européens. Car Janine Bharucha naît en 1946 à Poona de parents parsis, cette petite communauté blanche, adepte de Zarathoustra, exilée de Perse et réfugiée en Inde depuis des siècles. Son apparence lui vient peut-être aussi de sa grand-mère parisienne Jeanette. « Je suis fière de cette double origine, qui me donne une certaine liberté : en France, je suis prise pour une excentrique et on met cela sur le compte de mon côté indien, et en Inde je suis prise pour un excentrique et on met cela sur le compte de mon côté français! ».
De Poona à Paris
Dès sa petite enfance, ses parents s’installent en France, où son père obtient un poste à l’UNESCO. Sa famille ne cesse plus alors les aller-retours entre l’Inde et Paris. Son père doit y retourner pour des périodes de deux ans à cause de son engagement politique. Aujourd’hui encore, Janine migre chaque hiver quelques mois pour retrouver son « Indadorée ». Mais à l’époque, pour la petite fille, les contrastes restent durs à vivre et le choc culturel énorme. Elle n’est pas heureuse à Paris dans le petit appartement de la Place d’Iena et l’accueil se révèle cruel. Elle se rappelle avoir été chez une amie de classe, où elle a généreusement été invitée à goûter… sur le palier ! « L’Inde où je passais beaucoup de vacances m’épanouissait immédiatement. La grande maison, toujours remplie de cousins, était toujours ouverte pour mes amis et je ne m’ennuyais jamais dans cet univers très vivant et chaleureux. » Elle suit une scolarité entre les deux pays et déplore le manque d’importance accordée au corps côté hexagonal. « À Poona dans mon école anglaise, on s’occupait de l’esprit et du corps. En France, j’ai commencé à aimer l’école lorsque nous avons monté un groupe théâtral ».
Adulte, elle consacre toute la première partie de sa vie, à une carrière essentiellement artistique. De scripte puis réalisatrice au cinéma à Bombay, temple de la pellicule, où elle côtoie les plus grands cinéastes, elle devient à Paris et à 30 ans, professeur de claquettes. Elle voyage beaucoup et passe même deux années à Montréal pour finalement poser ses valises à Boulogne où elle vit aujourd’hui. Depuis quinze ans, Janine exerce désormais l’art du massage.
J'aime le côté franchouillard des hexagonaux
Formatrice et animatrice de séminaires, stages et conférences, elle diffuse sa passion partout en France et prend régulièrement son bâton de pèlerin pour se lancer sur les routes. « J’adore Paris, même si j’en pars souvent. Quand je quitte la ville, je fais toujours un tour pour saluer la Tour Eiffel, les grandes avenues et Montmartre. La France est sans aucun doute un pays de Cocagne où l’abondance est partout, dans la végétation, la cuisine, la littérature ». Elle anime des stages partout dans l’Hexagone, qui lui donnent l’occasion de beaucoup fréquenter les chambres d’hôtes, dont elle apprécie la convivialité. « Ils deviennent ma seconde famille, lorsque je suis loin de chez moi. À Longwy, une propriétaire qui me connaissait bien, m’accueillait à chaque retour avec une compote chaude ! »
Elle aime les traits presque caricaturaux des Français. « J’adore leur côté révolutionnaire et aussi leur caractère râleur. C’est parfois difficile, mais c’est humain au moins. J’aime aussi leur côté franchouillard et bon enfant, la rigolade et les jeux de mots à outrance. Toute la partie française de ma famille me plaît beaucoup. » Alors indienne ou française, Janine ? Sans doute un peu les deux, car aujourd’hui, où qu’elle soit, elle est surtout une grande amoureuse de la vie.
Ses yeux verts en amande et son regard doux vous envoûtent d’emblée. Peut-être parce qu’ils restent les seuls témoins de son identité indienne, plutôt difficile à deviner derrière ses traits parfaitement européens. Car Janine Bharucha naît en 1946 à Poona de parents parsis, cette petite communauté blanche, adepte de Zarathoustra, exilée de Perse et réfugiée en Inde depuis des siècles. Son apparence lui vient peut-être aussi de sa grand-mère parisienne Jeanette. « Je suis fière de cette double origine, qui me donne une certaine liberté : en France, je suis prise pour une excentrique et on met cela sur le compte de mon côté indien, et en Inde je suis prise pour un excentrique et on met cela sur le compte de mon côté français! ».
De Poona à Paris
Dès sa petite enfance, ses parents s’installent en France, où son père obtient un poste à l’UNESCO. Sa famille ne cesse plus alors les aller-retours entre l’Inde et Paris. Son père doit y retourner pour des périodes de deux ans à cause de son engagement politique. Aujourd’hui encore, Janine migre chaque hiver quelques mois pour retrouver son « Indadorée ». Mais à l’époque, pour la petite fille, les contrastes restent durs à vivre et le choc culturel énorme. Elle n’est pas heureuse à Paris dans le petit appartement de la Place d’Iena et l’accueil se révèle cruel. Elle se rappelle avoir été chez une amie de classe, où elle a généreusement été invitée à goûter… sur le palier ! « L’Inde où je passais beaucoup de vacances m’épanouissait immédiatement. La grande maison, toujours remplie de cousins, était toujours ouverte pour mes amis et je ne m’ennuyais jamais dans cet univers très vivant et chaleureux. » Elle suit une scolarité entre les deux pays et déplore le manque d’importance accordée au corps côté hexagonal. « À Poona dans mon école anglaise, on s’occupait de l’esprit et du corps. En France, j’ai commencé à aimer l’école lorsque nous avons monté un groupe théâtral ».
Adulte, elle consacre toute la première partie de sa vie, à une carrière essentiellement artistique. De scripte puis réalisatrice au cinéma à Bombay, temple de la pellicule, où elle côtoie les plus grands cinéastes, elle devient à Paris et à 30 ans, professeur de claquettes. Elle voyage beaucoup et passe même deux années à Montréal pour finalement poser ses valises à Boulogne où elle vit aujourd’hui. Depuis quinze ans, Janine exerce désormais l’art du massage.
J'aime le côté franchouillard des hexagonaux
Formatrice et animatrice de séminaires, stages et conférences, elle diffuse sa passion partout en France et prend régulièrement son bâton de pèlerin pour se lancer sur les routes. « J’adore Paris, même si j’en pars souvent. Quand je quitte la ville, je fais toujours un tour pour saluer la Tour Eiffel, les grandes avenues et Montmartre. La France est sans aucun doute un pays de Cocagne où l’abondance est partout, dans la végétation, la cuisine, la littérature ». Elle anime des stages partout dans l’Hexagone, qui lui donnent l’occasion de beaucoup fréquenter les chambres d’hôtes, dont elle apprécie la convivialité. « Ils deviennent ma seconde famille, lorsque je suis loin de chez moi. À Longwy, une propriétaire qui me connaissait bien, m’accueillait à chaque retour avec une compote chaude ! »
Elle aime les traits presque caricaturaux des Français. « J’adore leur côté révolutionnaire et aussi leur caractère râleur. C’est parfois difficile, mais c’est humain au moins. J’aime aussi leur côté franchouillard et bon enfant, la rigolade et les jeux de mots à outrance. Toute la partie française de ma famille me plaît beaucoup. » Alors indienne ou française, Janine ? Sans doute un peu les deux, car aujourd’hui, où qu’elle soit, elle est surtout une grande amoureuse de la vie.