Vigneronne par choix
Publié le 23 Novembre 2006
Trente ans après son père et en association avec lui, Laure s’installe à trente ans, comme lui, à la tête d’un domaine de 24 hectares de vignes. Révélation tardive après un long parcours éducatif, elle devient « vigneronne », terme revendiqué qui signe tous ses courriers.
Un échantillon de terre argilo-silicieuse de la cuvée "laure et le Loup"
Un parcours atypique…
Laure Dozon est plutôt de celles qui aiment apprendre, si on en croit son parcours éducatif. Après un Brevet de Technicien Supérieur, elle a passé une Maîtrise de Sciences et Techniques en « Industrie agro-alimentaire », puis un Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées (BAC +5) en technologie alimentaire avancée. Elle semblait se destiner plutôt à travailler dans l’industrie agro-alimentaire, expérience qu’elle a vécue durant quelque temps sans arriver à trouver sa place. Mais elle avait d’autres envies : « Je me suis réveillée un matin avec cette évidence : je devais revenir sur l’exploitation familiale. J’ai pris ma décision seule car mon père ne nous a jamais incités à prendre sa suite. » C’est son grand-père qui a versé sa petite larme lorsqu’il a appris que Laure s’installait sur son ancien domaine.
…via des engagements professionnels stimulants.
En 2000, elle reprend la présidence des « Elles de Chinon » une association de viticultrices et femmes de viticulteurs du Chinonais et du Richelais. Aujourd’hui elle a décidé de passer le relais pour se consacrer à des responsabilités plus directement professionnelles. Et la voilà, depuis janvier 2006, présidente de la fédération d’Indre-et-Loire des vignerons indépendants. « Ce syndicat, basé sur le volontariat des adhérents, colle bien à notre conception de notre métier. »
De l’excitante surprise de la vinification…
Elle aime la part d’imprévu de ce métier, à condition bien-sûr que les catastrophes soient évitées. « Les vendanges sont toujours stressantes, mais parfois très excitantes aussi. La première remorque qui arrive dans le chai reste toujours une surprise. Et à la fin des vendanges, quand tout est à l’abri et que c’est à nous de jouer, je ressends quelque chose de très intense ! » . Elle adore aussi les aspects plus techniques, comme mesurer chaque matin les densités de ses vins. « C’est un vrai cadeau de la nature ! » s’enthousiasme t-elle.
… à l’apport humain des rencontres.
« Je vis les pieds dans la terre, les mains dans la cuve, mais toujours en contact avec les gens » se félicite t-elle grâce à une saison hivernale où elle parcourt les salons professionnels. Après l’autarcie complète des vendanges, cette plongée soudaine dans la foule, lui apporte le contraste nécessaire à son équilibre. Et cette migration d’hiver lui permet d’être en relation permanente avec ses clients. « Les goûts ont évolué depuis l’époque de mon grand-père. Aujourd’hui les vins doivent être plus faciles à boire rapidement pour des amateurs souvent urbains, vivant en appartement et sans cave. Nous essayons de faire à la fois un vin de terroir qui nous ressemble et un produit qui plaise aux consommateurs. » Un défi à relever pour cette jeune femme optimiste qui n’a peur de rien… Pas même du loup ?
Article paru dans l'Action Agricole de Touraine du 03 novembre 06